Le pitch

Le pitch

Qu’est-ce qu’un Pitch ? En anglais cela a plusieurs significations, cela peut signifie le terrain, la hauteur ou le niveau, l’intensité d’un son (Pitch of notes), mais aussi au baseball, l’action de lancer…et enfin en langage plus familier un « Sales Pitch » est un discours de vente. Et c’est bien là ce qui va nous intéresser.
Et oui parce que le cinéma c’est un art mais aussi une industrie, faire un film ça coûte cher et il faut savoir vendre son projet ! En tout cas donner envie de voir le film, susciter le désir !

A quoi sert un Pitch

Un Pitch sert à raconter son projet, donner envie à l’interlocuteur. Lorsque l’on rencontre des producteurs, des techniciens, des financiers, des commissions ou même si l’on veut raconter sur quoi on travaille à des amis, cela permet en quelques secondes ou minutes de donner une Image d’ensemble du film à venir.
C’est aussi un outil d’écriture très utile. Ecrire un Pitch c’est s’attacher aux grandes lignes du projet. Parfois écrire le Pitch d’un projet en cours d’écriture peut aider à en repérer les faiblesses ou se rappeler l’idée originelle dont on s’est peu à peu écarté.

Les différents pitchs

• Il en existe plusieurs formes, j’en citerais 3 : la log line ou accroche (pour démarcher un producteur en conversation ou sur la page de garde du scénario) est très très court, à peine une ou deux phrases.
• Le pitch court c’est quelques phrases qui brosse le portrait général du projet. Ici, on ne raconte pas toute l’histoire mais on présente le personnage et son conflit principal..
• Le pitch long, le plus compliqué (il peut durer 3 à 20mn) selon si c’est autour d’un verre ou si c’est un vrai rendez-vous ou bien dans certains festivals qui mettent en scène des pitchs. Ici on raconte toute l’histoire de A à Z ainsi que l’origine du projet et ses intentions.
  Certains avis divergent sur le fait de raconter ou non la fin ou s’arrêter au moment du climax du style « et là le héros est encerclé, prêt à mourir…». Personnellement j’ai tendance à penser qu’il vaut mieux raconter la fin. Ça montre que vous tenez votre histoire jusqu’au bout, vous savez où vous allez. Et puis la fin c’est la réponse thématique du film, ce que vous vouliez dire.

Comment écrire et préparer un Pitch

Retenez la fameuse phrase : Qui veut quoi pourquoi contre qui…

Je vais donner un exemple très simple : « Léa est prête à tout abandonner pour fuir l’emprise de son ex qui ne lui laisse aucun répit. »
Qui, Léa (on peut ajouter une caractérisation : Léa est au bout de sa vie), veut quoi partir, pourquoi, fuir son ex.
En une phrase on a une idée du personnage et de ce qui la meut, la motive (dans le sens met le personnage en mouvement).

• Pour un pitch court il faudra rajouter un peu plus d’éléments et aller plus loin dans le récit. Souvent on débute par la situation initiale du personnage puis on utilisera le « Mais » qui est l’incident déclencheur du récit.
  « Léa a retrouvé la joie de vivre depuis qu’elle a quitté Alex, MAIS un jour elle s’aperçoit que celui-ci la suit dans la rue… »
  S’il n’y avait pas de Mais, il n’y aurait pas d’histoire, son quotidien ne serait pas bouleversé.
  Le pitch pourrait donc donner :
  « Léa a retrouvé la joie de vivre depuis qu’elle a quitté Alex, mais un jour elle s’aperçoit que celui-ci la suit…Léa est prête à tout abandonner pour fuir l’emprise de son ex qui ne lui laisse aucun répit. Jusqu’au jour où elle apprend que son père est malade, l’obligeant à rester dans la région et faire face au pire de ses cauchemars. »
  La fin laisse ici une ouverture, un mystère qui doit donner envie de lire la suite, d’en apprendre plus.
• Enfin un pitch long de 5 à 10 minutes doit raconter l’intégralité du récit dans les grandes lignes, les points de bascule, les grands moments de l’histoire et les personnages principaux. Selon le contexte où vous pitcher on peut commencer par : « Mon voisin Totoro » est un projet de long-métrage d’animation.
  On y ajoutera à la fin quelques phrases d’intention. Par exemple : « j’ai eu l’idée de ce projet en discutant avec une amie qui avait dû faire face à un ex devenu très bizarre. J’ai donc poussé un peu plus loin les situations…blablabla » ou bien « j’ai voulu parler des victimes de violences conjugales pour telle ou telle raison et l’aborder du point de vue de » … tel point de vue original. »

Il faut surtout mettre en avant son projet, en quoi lui ou nous auteur sommes unique et à même d’en parler. Ce qui nous lie ou nous relie au projet directement ou indirectement. Je ne dis évidemment pas qu’il faut avoir été pompier pour faire un film sur les pompiers.

J’ajouterais que dans un pitch long on peut se permettre de créer une ambiance. Vous pouvez commencer par décrire une situation ou un paysage. Par exemple : « Imaginez vous l’hiver, bloqués en voiture sur une autoroute complètement enneigée avec des kilomètres de véhicules arrêtés devant et derrière vous. » Vous créez tout de suite une image et une excitation. Imaginez que vous ne devez pas raconter votre histoire pour endormir des enfants mais au contraire exciter vos spectateurs et réveiller l’enfant avide d’histoire qui est en eux.

L’action de pitcher

1) Il faut être convaincu et convaincre.

2) Mettre le public dans sa poche. Un enfant doit pouvoir comprendre. Employer des mots simples ou nous apprendre un mot issu d’un jargon propre à vos personnages ou à votre univers, un métier…

3) Rendre curieux, donner envie, le concevoir comme une publicité, donner des superlatifs, « montrer en grand ». Être enthousiaste. Pourquoi le public aimerait voir le film si on est pas nous-même heureux de le raconter. Ce sont des choses qui se ressentent.

4) Établir une structure du récit avec des mots clés afin de ne pas s’emmêler dans le récit. Ces mots clés sont liés à des phrases qu’on connait presque par cœur. L’important n’est pas de faire une récitation d’un texte écrit et littéraire, il faut au contraire laisser entrevoir votre personnalité.

5) Être capable d’improviser, un oubli est vite arrivé, le stress sape nos capacités, ça ne se passe jamais comme on l’imagine, il peut y avoir quelqu’un qui interrompt notre pitch, une sirène qui se met à hurler, le barman qui casse un verre, quelqu’un qui se met à rire alors qu’on raconte un drame…ça peut devenir une sorte de stand-up où il faut être prêt à réagir. Mieux vous serez préparé et plus facile ce sera de rebondir. petits pas de danse pour combler le silence…

6) Enfin, il n’y a pas que ce que vous racontez qui compte mais aussi votre posture, votre apparence, vos gestes, votre voix, vos silences, votre rythme d’élocution. N’hésitez pas à écouter ou regarder des conteurs, des conférences TED, des interviews, des poètes déclamer, des acteurs de théâtre.
Jouez avec votre texte. Maintenez quelques silences pour susciter le mystère à des points clés du récit. Parler plus vite à un moment d’action ou au climax.
Si vous déclamez sur un ton monotone avec une petite voix (loin du micro si c’est un pitch sur scène), ce sera difficile de vous suivre et donc de comprendre ou aimer votre projet de film. La forme compte autant que le fond (vous avez passé plein de temps à écrire, alors ce serait dommage qu’en quelques minutes vous ruiniez tous vos efforts et votre chance de signer votre projet).

Parfois il y a des questions réponses à la fin du pitch. Selon les questions, il faut être à l’écoute, montrer qu’on est capable de se remettre en question sans toutefois changer d’avis toutes les 5 minutes sur tout. Montrer avant tout qu’on connait la direction que l’on veut prendre mais que l’on est encore en travail et ouvert à certaines modifications ou remise en question dans une certaine mesure.

Les erreurs commises

• Attention l’interlocuteur qui écoute cette histoire pour la première fois sans doute ne connait rien à celle-ci…par définition, cela veut dire que si vous sauter un passage important il va lui manquer une case et un lien pour comprendre. Certaines choses sont à expliquer ou dire absolument pour qu’on comprenne le projet.
  Si vous dites tout d’un coup, « c’est à ce moment que Marie intervient pour l’aider à se cacher ». Et qu’on ne nous a jamais présenté Marie…ce sera compliqué de maintenir son auditoire. L’attention est difficile à obtenir et à maintenir. Si vous perdez votre spectateur en cours de route ce sera difficile de le raccrocher à l’histoire. Présentez donc Marie en amont ou dites que c’est une amie.
• La thématique doit être précise et claire, Il ne doit pas être trompeur et correspondre à ce qu’on a écrit, ne pas donner de détails inutiles, bien connaitre son sujet, ne pas être cliché. Attention à ne pas présenter son projet comme une comédie et raconter de façon triste une histoire dramatique. Ou alors en jouer, interprétez le exprès tristement pour susciter l’hilarité de votre auditoire.
• Dire le meilleur de son projet et ne pas se dévaloriser
• Montrer qu’on est un auteur particulier, même si le projet ne plait pas ou que vous ratez votre pitch, peut-être que votre personnalité d’auteur va retenir l’attention. Vous aurez donc la chance de pitcher d’autres projets.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que ça vous a plu et que vous pitcherez comme des pros.

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Bonne écriture !

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